LES manquements et les excès ne peuvent jamais constituer une excuse aux dérapages. Plus que des histoires d’argent, de profit et de rémunération, les équilibres financiers de la Tunisie ont fait l’objet, ces dernières années, d’interminables interrogations.
La Tunisie était le deuxième pays exportateur de phosphate dans le monde. Aujourd’hui, elle importe cette matière première qui est pourtant la propriété du peuple tunisien, comme ne cesse de le répéter d’ailleurs le Président de la République. La monopolisation et la mainmise sur le transport du phosphate par camions en appliquant des prix exorbitants et en démolissant les lignes ferroviaires, constituent sans aucun doute un crime envers le peuple. Depuis quelques années, on espérait que les instances concernées puissent se montrer sévères dans cette affaire et préserver les bénéfices engendrés par la production de phosphate et son impact sur l’économie du pays. Le gâchis était, et encore toujours, énorme. Ses répercussions sur les finances sont lourdes, désastreuses, voire suicidaires.
Il y a aujourd’hui tout un travail de récupération et de restitution des valeurs à mener à ce niveau. Mais encore faudrait-il se donner les moyens d’agir, et surtout d’appliquer la loi.
On ne doit pas l’oublier : les dérapages successifs dans les négociations pour faire face au blocage de la production ont désavoué les valeurs du travail et de l’intérêt commun. Nous sommes passés des acteurs, qui étaient le modèle du dévouement et de l’attachement, à ceux plutôt préoccupés par les considérations d’intérêt personnel. Pire que les défaillances et les manquements, c’est la manière avec laquelle on avait géré la crise du phosphate qui a engendré autant de transgressions. Il s’est avéré que certaines parties n’avaient, et n’ont pas encore, une idée suffisante et pertinente de ce que représente le phosphate pour un pays comme la Tunisie. Au vu de différents accords signés, au-delà aussi des doutes et des éternelles interrogations qui ont accompagné les négociations avec les parties qui revendiquaient leur droit au travail, des objectifs et attentes rarement atteints, voire compromis, au-delà aussi de l’incapacité de l’Etat à imposer et à faire respecter la loi, c’est tout le système, tel qu’il est pointé aujourd’hui du doigt par le Président de la République, qui est ainsi mis en cause.
La gestion des affaires publiques est restée bloquée au stade absurde d’une superposition négative des gouvernants, mais aussi des acteurs politiques et des représentants du peuple au Parlement. Le Président de la République ne manque pas d’évoquer clairement le député et son frère, sujet de soupçons et d’accusations publics à ce sujet : « Celui qui veut se cacher derrière l’immunité n’échappera pas à la justice. Il doit restituer l’argent du peuple. Tout le monde le connaît et connaît son frère. Le peuple est au courant de la société écran qu’il a créée ».
A travers ses positions inamovibles et indéboulonnables, à travers les différentes révélations qu’il ne cesse de dévoiler, sa détermination et son engagement à combattre la corruption, Saïed s’identifie de plus en plus aux aspirations des Tunisiens. Il porte ainsi l’espoir du peuple. Dans tout ce qui est demandé, voire exigé, ses principes de base subsistent quels que soient le nom des personnes, leur statut et leur appartenance. Il bouscule l’ordre établi pour extraire le meilleur dans un environnement qui, malheureusement, est toujours miné…